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Chut, ici vit le Grand tétras...

Particulièrement sensible à l’altération de son habitat et aux activités humaines, la population pyrénéenne du Grand tétras connait au fil des décennies, d’importantes phases d’évolutions contraires. Les effectifs semblent aujourd’hui stabilisés notamment grâce aux efforts de suivi et de gestion notamment en cette période hivernale.

 

Alors que l’espèce connaissait une grande rareté au début du XXème siècle, puis un âge d’or en 1950 (période de guerre, après-guerre), le développement de la voirie forestière entraina des modifications sur les habitats du Grand tétras et une augmentation de la pression de chasse. Les effectifs ont alors fortement baissé.

 « Une prise de conscience collective (fédérations de chasse, ONF, ONCFS...) a permis, dès les années 70, une mise en œuvre progressive de mesures afin d’endiguer la forte mortalité des coqs de bruyère. Les forestiers commencèrent à prendre en compte l’espèce dans la sylviculture, la chasse commença à être règlementée, explicite Emmanuel Menoni, biologiste à l’ONCFS et référent Grand tétras à l’Observatoire des Galliformes de montagne (OGM). Le plan de restauration demandé par l’Union européenne en 1991 puis le programme Gallipyr 2007-2013 donnèrent des coups d’accélérateur. Ce réseau pyrénéen a permis d’harmoniser les méthodes de suivi et de gestion entre  la France, l’Andorre et l’Espagne. »

A la baisse significative d'environ 20 % entre 2000 et 2009, succèda une stabilité globale des effectifs pyrénéens, avec toutefois une tendance négative dans la partie occidentale des Pyrénées.

En 2017, la population des Pyrénées françaises est estimée à 3 000 coqs. Le Parc national constitue un bastion significatif de 20% des effectifs répartis selon le manteau forestier, sur l’ensemble des vallées.

Malgré une zone cœur préservée, le territoire est également confronté à la fragilité des effectifs. A l’instar de ses partenaires de l’OGM, le Parc national met en œuvre un programme de suivi et de préservation du Grand tétras.

 

Un suivi intensif de l’espèce réalisé par les gardes-moniteurs :

  • Lors des parades nuptiales au printemps : au lever du jour, pour séduire les poules, les coqs se rejoignent sur un même site, appelé place de chant, pour se donner aux différentes joutes : parades, combats et chant. Les gardes-moniteurs, dissimulés en affût, procèdent alors au comptage des oiseaux.
  • Lors de l’élevage des poussins en été : La recherche à l’aide de chiens d’arrêt sur les zones de nichées permet de dénombrer le nombre de poules et de poussins. Ce comptage est réalisé sur le territoire du Parc national en vallée de Luz en partenariat avec la fédération de chasse, et en vallée d’Aspe. Transmis à l’OGM, ces résultats permettent d’évaluer le succès de reproduction de l’année.

Des mesures de gestion afin de favoriser l’espèce

  • Des zones de quiétude hivernale sont installées
    L’alimentation hivernale d’aiguilles de pins et de sapins, peu énergétique, fragilise l’oiseau. Quelques dérangements suffisent à l’affaiblir, parfois jusqu’à la mort, et augmentent sa vulnérabilité aux prédateurs. Afin de préserver sa quiétude, le Parc national signale par des panneaux, trois zones refuges : au col du Somport, au cirque de Gavarnie et en Réserve naturelle nationale du Néouvielle. Cette sensibilisation sur les zones même d’hivernage, est complétée par des formations dispensées par les gardes-moniteurs, aux professionnels de la montagne qui à leur tour, sensibiliseront leurs clients…
  • Une gestion forestière adaptée
    En collaboration avec ses partenaires, le Parc national contribue à la prise en compte de l’espèce dans les forêts de la zone cœur.
    Réalisée par l’Office national de la forêt (ONF), la gestion forestière tient compte des périodes sensibles sur les sites vitaux pour l’espèce (places de chant, zones de couvée et d’élevage des jeunes). Dans les peuplements forestiers productifs, la sylviculture est adaptée en concertation avec l’ONF. La coupe de bois est réalisée par micro-clairières dont l’implantation vise à favoriser la repousse des myrtilliers, riches d’insectes nécessaires à l’élevage des poussins, et la sélection d’essences, ressources alimentaires naturelles (pins sylvestre, pins à crochets...).
    Dans des secteurs inexploités, des opérations de réouverture du milieu forestier sont réalisées comme au lieu-dit Lazaque en vallée d’Aspe. En concertation avec la commune de Cette-Eygun, propriétaire du site, et l’ONF, le Parc national a réalisé des travaux en faveur du Pin sylvestre de plus en plus concurrencé pour la lumière, par de jeunes sapins. Abattus ou annelés, les bois sont colonisés par les insectes et constituent un garde-manger. Le suivi du site montre une augmentation des indices de présence du Grand tétras.
  • La suppression d’obstacles de collision
    Afin de rendre plus visible aux galliformes les câbles de remontées mécaniques, cause de mortalité importante par collision,  la Réserve naturelle régionale d’Aulon procède à la pose de dispositifs de visualisation (ex. : la remontée des Combes d’Aulon à Saint-Lary Soulan). Le Parc national accompagne financièrement cette démarche.
  • Afin de sensibiliser les acteurs du territoire - accompagnateurs en montagne, membres du Club alpin français, de la Fédération française de montagne et d’alpinisme, gardiens de refuge et au comité départementale de randonnée pédestre des Pyrénées-Atlantiques – aux conséquences du dérangement hivernal des galliformes, le Parc national des Pyrénées organise des formations en période hivernale.
    Intervention en salle et sortie dans le massif du Néouvielle permettent aux gardes-moniteurs d’aborder les problématiques du dérangement, des zones d’habitat à préserver, du choix des itinéraires… Les utilisateurs de ces espaces savent ainsi interpréter le milieu naturel et comment se diriger sans déranger.