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La flore au cœur des préoccupations du Parc national

Plus de 2 000 espèces de plantes vasculaires (plantes à fleurs et fougères), ont été inventoriées en zone cœur du Parc national des Pyrénées depuis sa création en 1967. 2 000 espèces sur les 3 000 que compte le massif pyrénéen. Un chiffre conséquent qui explique qu’en complément du travail mené par le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, le Parc national des Pyrénées poursuive son engagement en faveur de la  « flore » avec une ambition renouvelée. Son objectif : faire de la zone cœur du Parc national, une zone de référence pour la connaissance et la préservation des espèces.

 

En 2018, une étude préliminaire dressait l’état des lieux de la connaissance de la flore en zone cœur du Parc national des Pyrénées, obtenue au fil d’inventaires spécifiques et d’opportunités. Le diagnostic qui en a découlé a mis en lumière certains manques au niveau des jeux de données : certaines portions de territoire ont été moins visitées et certains groupes de plantes à fleurs ont bénéficié d’une moindre pression d’observation que d’autres qui, grâce aux plans nationaux d’action, ont une cartographie de leur présence sur le territoire proche de l’exhaustivité (Subulaire aquatique, Androsace des Pyrénées, Adonis des Pyrénées et Vesce argentée).

Cette connaissance est d’autant plus perfectible que les pressions d’origines humaines (fréquentation, construction…) et naturelles (éboulements, fermeture des milieux, inondations…) peuvent entrainer une évolution de la présence des espèces sur le terrain. Actualiser les inventaires apparait essentiel afin de mettre en œuvre d’éventuelles mesures de protection.

Devant l’ampleur de la tâche, le Parc national des Pyrénées a sélectionné des plantes qui ont la double caractéristique d’être des plantes de montagne pyrénéenne (Orophytes pyrénéennes) et d’être inscrites sur la liste rouge des espèces menacées d’Occitanie (en danger, vulnérable ou en risque d’extinction).

Parmi ces espèces, onze plantes à fleurs prioritaires font désormais l’objet de toutes les attentions dans le cadre de ce programme scientifique au long court.

 

Chaque secteur du Parc national dispose d’une liste d’espèces à rechercher activement:

le Cirse glabre (Cirsium glabrum), l’Androsace ciliée (Androsace ciliata), l’Armérie à nervures poilues (Armeria pubinervis), l’Epipogon sans feuille (Epipogium aphyllum), la Serratule fausse centaurée (Rhaponticum centauroides), le Grémil de Gaston (Buglossoides gastonii), le Cirse roux (Cirsium carniolicum ssp rufescens), l’Androsace hérissée (Androsace cylindrica ssp hirtella), l’Iberis charnu (Iberis carnosa), la Silène de Bordère (Silene borderei), l’Androsace de Suisse (Androsace helvetica).

 

Pour chacune, l’ensemble des stations (ie. espace présentant à minima un pied de la dite espèce) de la zone cœur sera recensé. Dès cette année, les gardes-moniteurs du Parc national se sont attachés à revisiter les anciens sites de présence de ces espèces dans le but d’en obtenir une vision actualisée. Un site de présence est considéré comme ancien si durant plus de 10 ans, aucune observation n’en a été remontée.

Du fait de la difficulté que peut représenter la recherche d’un pied de plante dans des endroits accidentés (éboulis…), la recherche de l’espèce pouvait-être réalisée au cours de trois passages au plus. Dans le cas où cette recherche s’avère infructueuse, la station est considérée comme éteinte.

Dès 2021, la prospection sera élargie aux secteurs vierges d’observation à ce jour.

L’inventaire ainsi actualisé permettra annuellement au Parc national d’identifier les éventuelles actions de conservation à engager pour répondre aux situations constatées pour chaque espèce.

Ainsi, si une espèce reste faiblement représentée malgré les efforts de prospection, le Parc national en lien avec le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, étudiera si cet état de fait est dû à l’écologie même de la plante ou à des menaces d’origines humaines ou naturelles. Auquel cas, des actions de préservation pourraient être mises en œuvre.

Ces données naturalistes abonderont également la connaissance nationale par le biais de l’Inventaire national du Patrimoine naturel (INPN) dépendant du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Les indicateurs de surveillance nationaux de la biodiversité seront ainsi consolidés. Ces données  permettront, le cas échéant, d’initier des actions d’envergure nationale comme les plans nationaux d’action d’espèces (PNA).

L’Androsace ciliée, comme une renaissance en vallée d’Ossau

Sur les onze espèces suivies dans le cadre de ce programme scientifique, trois d’entre elles appartiennent à la famille des Androsaces : l’Androsace cylindrique, l’Androsace helvétique et l’Androsace ciliée.

En 2009, une dizaine de pieds d’Androsaces ciliées était présente sur le secteur abrupt schisteux d’Estremere, en vallée d’Ossau. Sans autre observation depuis plus de dix années, un garde-moniteur du secteur a prospecté ce terrain de pierrier si caractéristique de l’espèce. La plante y est toujours présente, non loin d'une station de quelques pieds confirmée en 2015 par l'association des Amis du Parc national des Pyrénées.

En fin connaisseur du site, il a poussé ses investigations un peu plus loin, sur un terrain très abrupt et peu accessible. Quelle récompense à la vue d’une magnifique station de plus de 300 pieds d’Androsaces ciliées jusqu’alors méconnue.

Cette observation conforte de belle manière la population de cette endémique des Pyrénées centrales et occidentales protégée au niveau régional. Elle est aussi le signe que les investigations engagées par ce nouveau programme portent leurs fruits.

L’Androsace ciliée

Vivace, l’Androsace ciliée se développe en petits coussinets plus ou moins denses dont les fleurs roses marquées d’une gorge orangée, fleurissent en été. Ses feuilles vertes et planes, sont glabres (sans poils) mais ciliées (ie présentant des cils) sur le côté. Fissures de rochers et éboulis sur roche calcaire ou schiste sont ses terrains de prédilection, elle qui s’épanouit à partir de 2 200 mètres d’altitude.