Partager

Le favori du Roy fidèle au Béarn

« Merveilleux voilier d’exploration, le Milan royal cherche tout autre chose que la vitesse. Il flâne, plane et louvoie au-dessus des terrains découverts, le gouvernail de la queue sans cesse en action (…).» Paul Géroudet, ornithologue écrivain

dortoir_milan_royal_patrick_nuques_1.jpg
inventaire_milans_royaux_aspe_claire_brocas_1.jpg
Inventaires milans royaux © C. Brocas - Parc national des Pyrénées
milan_royal_yannick_biellerecadre.jpeg
Milan royal © Y. BIelle - Parc national des Pyrénées

Au crépuscule, en lisière de bois, les milans royaux se rassemblent pour passer la nuit ensemble, comme dans un « dortoir ». Certains rapaces sont sédentaires, d’autres sont migrateurs, venant du nord et de l’est de la France et de l’Europe.

Ce comportement d’hivernage essentiel à la survie de l’espèce et à une bonne reproduction, font des Pyrénées le premier site d’accueil hivernal de l’espèce en France. Ainsi en 2020, 7 700 milans royaux soit plus de 54% de la population nationale, ont été observés sur le versant français du massif pyrénéen grâce à une quinzaine de structures et 250 bénévoles.

Samedi 9 et dimanche 10 janvier 2021, à travers l’Europe, une nouvelle mobilisation exceptionnelle d’ornithologues bénévoles et professionnels a permis d’estimer les effectifs hivernant et l’évolution sur le long terme de cette espèce classée vulnérable. Le temps de la compilation des observations et les résultats seront communiqués en février.

Le Milan royal est classé espèce vulnérable du fait de :

sa distribution strictement européenne : l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la France, la Suisse et la Suède abritent 93 % de la population mondiale
de l’évolution de ses effectifs ayant connu des déclins majeurs car régulièrement victime de persécutions et d’empoisonnements en particulier. Il apparait cependant que l’évolution de la population est légèrement positive sur les dix dernières années.

A l’instar des partenaires de ce programme coordonné en France par la LPO mission Rapaces, les gardes-moniteurs du Parc national des Pyrénées ont participé à cet événement ornithologique en vallée d’Aspe.

Le lever du jour, synonyme de départ des dortoirs des milans royaux, est favorable au comptage des effectifs.

Ainsi, entre 8h et 9h du matin, postés à proximité des dortoirs d’Osse en Aspe et Bedous, deux gardes-moniteurs du Parc national des Pyrénées, des ornithologues amateurs et des bénévoles notamment du Parc’ours (parc animalier et refuge), ont dénombré les milans royaux hivernant.

5 équipes de 2 personnes étaient réparties de part et d’autre la route nationale et communiquaient par radio pour éviter un double comptage des mêmes oiseaux.

244 milans royaux témoignent d’une certaine fidélité au Béarn (188 en 2020).

Les oiseaux quitteront les dortoirs fin mars pour choisir leur nid. La saison de reproduction débutera alors.

La petite histoire

Jusqu’aux XVIe et XVIIe siècles, le milan royal entretenait la voirie dans des villes comme Paris ou Londres. Louis XIII chassait en vol le milan royal à l’aide de faucons gerfauts dans la plaine Saint-Denis et relâchait ses prises par la fenêtre depuis le Louvre après avoir coupé les deux rectrices centrales (premier exemple de marquage !). D’où son nom de milan royal, parce que son vol était réservé à l’équipage royal.

L’info en plus

Dans le cadre du programme européen LIFE EUROKIT, 615 oiseaux, dont 30 dans les Pyrénées, vont être équipés de balise GPS (s’ajoutant à quelques centaines qui le sont déjà). Les données de ces balises faciliteront la localisation des dortoirs mais permettront aussi de mieux connaitre et réduire les causes de mortalité, ces dernières s’avérant majoritairement anthropiques (empoisonnement, tir,  électrocution, collision).

www.life-eurokite.eu/fr/713.html