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Pendant ce temps... le Gypaète barbu

La reproduction du Gypaète barbu

 

Avec les premières parades de l’automne débute la longue période de reproduction du Gypaète barbu.

S’étalant sur 10 mois, elle s’achève avec l’envol du jeune entre le mois de juin pour les plus précoces et le mois d’août pour les plus tardifs.
Une reproduction délicate, très sensible au dérangement et qui ne débute qu’à la maturité sexuelle des adultes, vers 6/ 7 ans.
En moyenne, la reproduction ne sera menée avec succès qu’une année sur trois, c’est-à-dire avec l’envol réussi d’un gypaéton. Evidemment des disparités existent entre les couples.

Le Parc national des Pyrénées accueille plus du tiers des couples nicheurs pyrénéens français sur son territoire.

Partenaire du Plan national d’actions piloté par la Direction régionale de l'Environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) Nouvelle-Aquitaine et coordonné par la Ligue pour la Protection des oiseaux, le Parc national dezs Pyrénées assure, seul ou en partenariat, le suivi des 19 couples de casseurs d’os présents sur son territoire (66 couples en France).

Un suivi essentiel pour la connaissance de l’espèce et la mise en place d’outils et de mesures de gestion pour sa préservation. Car au moindre danger ressenti (dérangement), les adultes abandonnent le nid, l’œuf ou le jeune, privilégiant leur survie, stratégie liée au caractère longévif de l’espèce.

Pour exemple, le Parc national des Pyrénées a élaboré l’« Application de localisation des aires de rapaces » (ALAIR) développée par la société GEOMATIKA.
Interface web, ALAIR est une base de données cartographiant les zones de sensibilité majeure temporelles et spatiales définies autour de chaque nid. A l’intérieur de ce périmètre, l’évitement des activités bruyantes est à privilégier.
L’Application permet ainsi de connaître leur état d’activation en temps réel. Cette base de données, accessible aux partenaires utilisateurs du ciel (sociétés d’héliportage, comité départemental de vol libre..), est un outil efficace pour éviter les dérangements.

 

 

Ainsi, en novembre/ décembre, le protocole d’observation vise à d’identifier la localisation du lieu de reproduction.

Sédentaire, le couple choisit son aire de nidification parmi la petite dizaine de nids qu’il affectionne, la garnissant abondamment de laine déposée sur un vaste matelas de branchages.

Pour trouver les aires de reproduction actives, les gardes-moniteurs surveillent dans un premier temps, les nids connus des années précédentes par des sessions de 4 heures toutes les semaines ou tous les 15 jours.

Si le couple n’y niche pas, il faut repérer les adultes au vol et les suivre à l'aide de jumelles et/ou longue vue en espérant qu'ils se dirigent vers leur nid. Plusieurs agents postés aux endroits stratégiques du secteur et surveillant les allers-venus des casseurs d’os, sont parfois mis à contribution.

Une fois l’aire de nidification connue, un suivi de 4 heures toutes les semaines permet de suivre les déplacements, l’accouplement, l’apport de laine…

 

En janvier intervient le plus souvent la ponte. Dès lors, les gardes-moniteurs vérifient la présence systématique d’un gypaète adulte au nid, l’autre fendant les airs à la recherche de nourriture.

La couvaison dure 2 mois. L’observation des deux gypaètes hors du nid est synonyme d’échec de la reproduction… à moins qu’il ne s’agisse d’un trio ?

Lorsque l’installation est certaine et qu’il est trop tard pour que le couple puisse s’installer ailleurs, les zones de sensibilité majeure correspondant aux nids non utilisés sont inactivées dans l’application ALAIR, rouvrant un secteur de vol aux acteurs du ciel.

 

 

Le printemps est annonciateur d’éclosion. Les gardes-moniteurs poursuivent le suivi par sessions de 4 heures toutes les semaines car le poussin est alors excessivement sensible au dérangement (promeneurs, hélicoptères, drones, prédation…)

Sur les 19 couples présents sur le territoire du Parc national, 13 couples ont été confirmés nicheurs cette année.

Avant le confinement, les observations ont montré que :
- Sur les 8 couples côté Béarn, 5 devraient avoir pondu.
- Sur les 11 couples suivis côté Bigorre, 8 devraient avoir pondu.

A l’heure actuelle, sauf échec durant la couvaison, tous devraient être nés…

 

 

Depuis l'année 2019, en tant qu’acteurs du ciel, les responsables du comité départemental de vol libre des Hautes-Pyrénées ont un accès au logiciel ALAIR.

Le Comité fait le lien avec les clubs de vol libre qui peuvent ainsi préparer leur vol en fonction des couloirs de vol autorisés par le Parc national en zone cœur, en fonction des enjeux environnementaux, notamment en fonction des zones de nidification des rapaces.

Des couloirs sont également suggérés pour la zone d'adhésion, la DREAL restant maître d’œuvre de la gestion de ces espaces sensibles.

Mieux informés les acteurs du ciel peuvent ainsi contribuer à la préservation du Gypaète barbu.

Rappelons que la réglementation du Parc national des Pyrénées interdit tout survol de la zone cœur du Parc national à moins de 1 000 mètres d’altitude sauf dérogation expresse du Directeur du Parc national des Pyrénées.