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Orchamp : Suivi flore en vallée d'Aspe sur le temps long

Alors que le dérèglement climatique semble s’accélérer, des acteurs de l’environnement dont le Parc national des Pyrénées se sont engagés dans un programme de suivis et d’analyse des conséquences de ce dérèglement sur les écosystèmes de montagne.

Intitulé ORCHAMP - Observatoire spatio-temporel de la biodiversité et du fonctionnement des socio-écosystèmes de montagne -  le programme a pour vocation de perdurer plusieurs dizaines d’années car un temps long et un travail minutieux sont nécessaires pour comprendre l’impact des bouleversements actuels sur la biodiversité et identifier des pistes d’adaptation.

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Les hauteurs de Borce, théâtre du programme ORCHAMP © Parc national des Pyrénées
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Suivi flore à Borce © Parc national des Pyrénées

 

En 2021, le Parc national des Pyrénées a intégré le dispositif ORCHAMP initié en 2016 dans les Alpes par le Laboratoire d'écologie alpine (LECA), de manière à élargir les observations au massif Pyrénéen.  

Après un premier site d’observation implanté en 2021 au centre du massif dans la vallée de Cauterets, le Parc national des Pyrénées et ses partenaires ont déployé en 2022 le protocole d’études à l’extrémité ouest du territoire, en vallée d’Aspe, sur la commune de Borce. Cette nouvelle localisation permet aux scientifiques d’étudier une plus large gamme de situations biogéographiques.

Pour ce faire, sept placettes identiques d’une taille de 30 mètres sur 30 mètres, ont été positionnées tous les deux cents mètres d'altitude entre 830 et 2 150 mètres.

Identifiée par deux bornes de géomètre et des plaques en plexiglas, les placettes sont subdivisées en sous-zones sur lesquelles sont réalisés différents suivis (flore, faune du sol, sol, température et forêt notamment).

En vert, la placette flore représentée par une bande de 3m de large à cheval sur la ligne médiane.

En marron, la placette forêt s’étend sur 30 mètres de longueur par 4 mètres de largeur.

Zoom sur le suivi flore impacté par... le dérèglement climatique

Le dispositif de suivi de la flore comprend deux étapes :

- Fin juin 2022 : les naturalistes ont inventorié de façon exhaustive l’ensemble des espèces sur les 90 m² de chacune des sept placettes flore.

Des espèces les plus communes comme le rhododendron ou la pâquerette, à certaines plus rares comme l’orchidée Nigritelle noire, 198 espèces végétales ont ainsi été observés sur les 630 m² minutieusement prospectés.

 

- Fin juillet 2022, les naturalistes se sont focalisés sur l’abondance de chaque espèce. Les périodes caniculaires du printemps et de l’été 2022 ont eu raison de la temporalité de la floraison de la végétation. Initialement prévue à la mi-août, cette seconde étape du protocole flore a dû être avancée de trois semaines.

Concrètement, le long de la ligne médiane de la placette, tous les 20 centimètres, les naturalistes positionnent une fourche à deux pointes (une « amont » et une « aval ») séparées de 50 cm. L’ensemble des espèces touchant les deux pointes de la fourche est noté. Au total sur une placette 300 points contacts sont ainsi réalisés. La répétition de ce suivi dans le temps permettra d’évaluer l’évolution de l’abondance de chacune des espèces présentes.

En fonction de la placette et du nombre d’espèces présentes, le temps de réalisation de ce protocole varie. A Borce, une heure a été nécessaire pour une placette située dans une hêtraie, tandis que 8 heures ont été nécessaires pour une placette située plus haut dans une estive particulièrement riche en espèces.

L’ensemble de ces données est intégré à la base de données nationale du programme ORCHAMP. Au fil des ans, les chercheurs en feront des analyses pour déterminer l’impact du changement climatique sur les écosystèmes de montagne.

Rendez-vous pris fin septembre 2022 pour la réalisation en vallée d’Aspe du protocole ORCHAMP relatif à la forêt.

Pour en savoir plus sur le programme ORCHAMP