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La traversée printanière d'Humboldt

Unique vautour migrateur européen, le Vautour percnoptère  (Neophron percnopterus) peut parcourir jusqu’à 8 000 kilomètres par an. Grâce à la pose d’une balise satellitaire, ses déplacements sont aujourd’hui finement étudiés, pour mieux le protéger ; notamment en vallée d’Ossau.

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Humboldt équipé d'une balise GPS sur le dos © D. PEYRUSQUE - PARC NATIONAL DES PYRENEES
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Humboldt en couple © D. PEYRUSQUE - PARC NATIONAL DES PYRENEES
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La toilette de la femelle d'Humboldt © D. PEYRUSQUE - PARC NATIONAL DES PYRENEES

Auseth de la Bugada ou l’oiseau de la grande lessive : en mars, le retour de migration du Percnoptère d’Egypte est annonciateur des grandes lessives de printemps d’antan, lorsque les étendoirs de linge blanc réapparaissaient. Fidèle en couple et à son site de reproduction, ce rapace semble mener une vie routinière, entre ses quartiers d’hiver au sud du Sahara et son site nuptial dans les Pyrénées françaises. Et pourtant, malgré le suivi réalisé dans le cadre du Plan national d’actions 2015-2024 (PNA) porté par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) Nouvelle-Aquitaine, des zones d’ombre subsistent.

Afin d’améliorer la connaissance de cet oiseau considéré en voie d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un programme de suivi télémétrique a été initié.

« En 2018, le premier adulte percnoptère pyrénéen a été équipé d’une balise satellitaire, indique Erick Kobierzycki, coordinateur technique du PNA Vautour percnoptère. Humboldt, du nom de l’éminent naturaliste, est le mâle d'un des six couples nicheurs de la vallée d’Ossau. »

De nature méfiante, le Percnoptère n’est pas un oiseau facile à capturer. Après une première année infructueuse, une douzaine de jours aura été nécessaire pour le capturer au filet, et l’équiper d’une balise GPS posée sur son dos.

 

« Grâce aux signaux émis par la balise, le suivi télémétrique des déplacements d’Humboldt permet d’en savoir plus sur l’étendue de son domaine vital, sa migration et sa stratégie alimentaire, poursuit le coordinateur. Quel parcours réalise-t-il durant sa migration ? Utilise-t-il les placettes de nourrissage ?  ... »

Lors du cycle de reproduction, le Percnoptère défend son territoire  (600 à 1 000 mètres autour du nid). Ce périmètre est préservé du dérangement grâce à la mise en place de zones de sensibilité majeure (ZSM).

« La lecture des déplacements d’Humboldt fait apparaître qu’il  prospecte davantage le piémont en aval du nid, délaissant les estives au sud de la vallée. Sa stratégie de recherche alimentaire peut le mener plus loin, jusqu’à Oloron Sainte-Marie par exemple. Au-delà de la zone de préservation définie... L’objectif est de connaître l’espace réellement occupé par l’oiseau pour une meilleure prise en compte dans les mesures de conservation telles que la neutralisation d’équipements électriques pour éviter l’électrocution » conclut Eric Kobierzycki.

La migration d’Humboldt

Parti de la vallée d’Ossau le 1er septembre 2018, Humboldt atteignit son site d’hivernage au sud de la Mauritanie en onze jours, avec une moyenne de 300 kilomètres par jour.

Peu enclin à traverser de grandes étendues marines, le Percnoptère traverse la Méditerranée aux endroits les plus étroits. Humboldt rejoignit l’Afrique par le détroit de Gibraltar.

Lors de son trajet prénuptial, il a traversé, d’un vol direct, le détroit de Gibraltar le 4 mars 2019 en 17 minutes pour arriver, en vallée d’Ossau, le 11 mars, avec une dernière étape de 150 kms : Saragosse - Bielle.

Dans le cadre du Plan national d'actions en faveur du Percnoptère d'Egypte, une modélisation des déplacements d'Humboldt lors de la traverése du Détroit de Gibraltar a été réalisée par le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier.

Il en ressort cette visualisation de sa traversée printanière le 4 mars 2019:

https://ayvri.com/scene/z85qxm41k4/ckfreavmy0001286ljh6bofn0

 

Il n'a pas hésité à s'élancer au dessus des flots. Partant de 600 mètres d'altitude, il atteindra le rivage à 75 mètres d'altitude, le manque de courant chaud au-dessus de la mer expliquant cette perte d'altitude.