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Une histoire de patience et d’observation

Faune
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En cette période de rut (mi-novembre/ mi-décembre), les isards mâles qui vivent habituellement en groupes ou parfois solitairement, rejoignent les hardes de femelles pour l’opération de séduction de l’année. Le choix de cette période d’accouplements résulte d’une longue évolution naturelle qui a maximisé les chances de survie des jeunes chevreaux en les faisant naître au printemps suivant, au tout début de la période d’abondance des plantes nutritives. La participation d’un mâle à la reproduction passe par la compétition avec les autres mâles adultes afin d’acquérir cet espace restreint de quelques hectares à peine où il se sentira en position de dominance. Il en défendra l’accès aux mâles voisins et le favorisera aux femelles. Il s’attachera à en baliser les limites en déposant sur différents arbustes remarquables l’odeur forte émise par les glandes rétrocornales qu’il porte à la base des cornes lorsqu’il est en âge de se reproduire. Pour intimider l’adversaire du moment, dans un premier temps, le mâle territorial adopte une posture lui permettant d’affirmer sa dominance sans avoir si possible à combattre. Ainsi, il augmente son volume corporel, tête haute, dos vouté, poils érectiles de l’échine dressés. Message olfactif destiné à la fois à ses adversaires et aux femelles, il s’asperge les flancs d’urine très odorante pour informer de son état d’excitation sexuelle. Dans certains cas, les menaces par posture ne suffisant plus à établir la hiérarchie, la confrontation de deux mâles d’égales puissances peut dégénérer en extraordinaires poursuites et rarement en combats ouverts dans lesquels de graves blessures peuvent être infligées à l’adversaire par les cornes aigües comme des poignards. Lorsque l’un d’entre eux se sent vaincu, il se couche au ras du sol pour éviter les terribles crochets et pousse des bêlements de panique. La harde des femelles est placée sous l’autorité du mâle dominant uniquement lorsqu’elle traverse son territoire. Celui-ci s’attachera donc, par tous les moyens, à maintenir les femelles sur son territoire en les rabattants, lorsqu’elles tentent de lui échapper, tel un chien de berger. Malgré une apparente indifférence, les femelles sont les spectatrices intéressées de scènes de confrontation. Bien que harcelées en permanence durant plusieurs semaines, on pense que ce sont elles qui au final décident qui sera le père de leur chevreau du printemps prochain. L’accouplement, très bref, est très rarement observé. Retrouvez le quotidien des isards en cette période de rut : la vidéo de Laurent nédélec est enregistrée sous la médiathèque du site : « le quotidien des isards en période de rut » Décryptage du rut chez l’Isard en images : la vidéo de Jean-Paul Crampe est sous la médiathèque du site également « Le rut des isards du Mayouret »